Pour beaucoup d’entre nous, emmener son chien chez le vétérinaire est un épisode normal de la vie, qui se passe sans accroc.
Pour d’autres, c’est un moment redouté, compliqué, désagréable et stressant pour eux et leur chien.
Et pour quelques personnes encore plus rares, c’est un acte quasiment impossible à envisager.

Avant, Dyna allait chez le vétérinaire de façon normale, avec un peu d’appréhension certes, mais tout se passait toujours bien.
Puis un jour, une vétérinaire remplaçante l’a littéralement traumatisée : elle l’a (sans me prévenir) hissée vigoureusement sur la table d’auscultation, la tenant d’une main par la peau du cou, de l’autre main par la peau de la croupe !
Et là ce fût la panique totale pour Dyna, elle chuta, tenta de fuir de toute ses forces, le tout dans un véritable feu d’artifice d’urine, de selles, de vidange de glandes anales…

A partir de ce jour-là, nos visites chez les vétérinaires devinrent un vrai calvaire…

chien-peur

Pourquoi nos chiens ont peur chez le vétérinaire ?

Les cabinets et cliniques vétérinaires sont des lieux saturés de phéromones de stress. Les salles d’attente (et encore plus les salles d’attente mixtes chiens et chats) sont pleines de messages olfactifs de peur et d’alarme que votre chien perçoit et comprend très bien. A cela se rajoutent les cris et pleurs entendus parfois à travers les portes des salles de consultation.

La plupart des chiens ne vont chez le vétérinaire que pour y passer un moment douloureux et stressant, ou au mieux un moment neutre : vaccins, blessures, maladies, le chien subit alors les injections, palpations, manipulations, de surcroit surélevé sur une table (n’oublions pas que la peur du vide est une peur innée pour la majorité de chien).

Rien de positif ni d’attrayant dans ces moments-là…

Pour certains chiens, c’est encore pire (comme pour Dyna). Ils y ont vécu un moment de stress intense, ou plusieurs moments de stress négatif de moyenne intensité. Ils se sont sensibilisés au vétérinaire, petit à petit ou de façon forte et brutale. Et, comme les chiens ont un mode de pensée par association, la sensibilisation peut associer peur/douleur/vétérinaire, puis vétérinaire/odeur du cabinet vétérinaire/gens en blouse blanche, et votre chien alors généralise sa peur à tous les cabinets vétérinaires.

Que faire si mon chien a peur du vétérinaire ?

Avant tout, il faut trouver le bon vétérinaire, celui qui est professionnel, bienveillant, qui comprend que certains animaux demandent plus de temps et de douceur que d’autres. Le bouche à oreille reste la meilleure source d’informations pour trouver la perle rare.
Les assistantes vétérinaires peuvent aussi jouer un rôle très important, en dédramatisant la visite et en distribuant friandises et caresses.

Une fois le bon vétérinaire trouvé, allez-y souvent, pour rien ! Intégrez cette visite à une promenade de votre chien, emmenez des friandises, soyez détendu, entrez dans la salle d’attente, asseyez-vous, bouquinez un magazine, puis repartez ! (Bien sûr, demandez au préalable au personnel de la clinique si cela ne le dérange pas dans leur travail que vous utilisiez leur salle d’attente…)

veterinaire donne friandise.jpgSi les assistantes ou un vétérinaire sont disponibles, expliquez-leur votre démarche, et demandez-leur s’ils veulent bien donner une friandise à votre chien. Soyez attentifs à l’état émotionnel de votre chien pendant ces visites : il s’agit de l’habituer progressivement en banalisant la visite chez le vétérinaire.

Augmentez petit à petit la durée et les activités effectuées dans la salle d’attente, en respectant ses émotions et sans jamais le forcer.

Et finissez toujours cette sortie-vétérinaire par quelque chose d’agréable pour votre chien : une baignade s’il aime l’eau, une course folle dans un champs, une partie de jeu de balle…

Jouer au docteur…

A la maison, en promenade, au club canin, il vous est aussi possible de l’habituer aux gestes médicaux et aux contacts physiques.

J’effectue à la maison des petites séances de « visite médicale » : je touche Dyna aux oreilles, aux pattes, au ventre, dans la gueule… Je lui place un objet sur sa cage thoracique (à défaut d’avoir un vrai stéthoscope à la maison), je fais des simulations de piqures avec une seringue sans aiguilles, ou avec un trombone… Ces séances sont bien sûr l’occasion pour elle de se goinfrer de bonnes friandises !

manipulations veterinaires

Des gestes médicaux à banaliser, pour que votre chien les tolère mieux.

Vous pouvez aussi faire des petites mises en scène avec d’autres personnes : demander à quelqu’un de confiance de jouer le vétérinaire et mimez une visite de contrôle. Apprenez à votre chien à monter sur une table et à y rester. N’oubliez surtout pas de récompenser son calme et ses progrès !

 

Le « medical training »

Aussi appelé « conditionnement vétérinaire », il est souvent employé dans les zoos, pour que les soigneurs animaliers puissent effectuer des contrôles et de gestes médicaux aux animaux vivant en captivité (mais qui ne sont pas pour autant domestiqués et aisément manipulables par l’homme).

Par le biais du renforcement positif, souvent avec l’aide du clicker, l’animal apprend à rester immobile, à donner une patte, présenter son flanc… il devient acteur des soins, qui sont vécus de façon plus confortable, paisible et ludique.

Le medical training peut aussi se pratiquer chez vous avec votre chien ou votre chat (un peu comme le « Jouer au docteur » du paragraphe précédent) ou avec le concours de votre vétérinaire ou de son assistante s’ils sont ouverts à cette initiative.

Ci-dessous une formidable vidéo de conditionnement vétérinaire par shaping avec le clicker (par le Docteur Antoine Bouvresse)

La muselière

Elle est indispensable pour tout soin douloureux, gênant, sur un chien anxieux, réactif, accidenté, fatigué…

On peut avec une muselière faire une consultation plus détendue en évitant le risque d’une morsure par irritation ou peur.

Bien sûr il ne faut pas museler votre chien une seule fois dans l’année pour ses vaccins. Il est préférable de l’habituer à porter cet accessoire, dans votre jardin, en promenade, sur des courtes durées et de façon ludique et positive.

Les vétérinaires emploient souvent les muselières de type nylon, fermant entièrement la gueule du chien.

Mais vous pouvez aussi utiliser une muselière « panier », plus confortable et qui permettra à votre chien de haleter, de réguler sa température, de s’exprimer et de prendre des friandises.

Les quatre pattes par terre, c’est moins effrayant

Certains vétérinaires acceptent d’ausculter ou de faire certains petits soins ou injections au sol.

Le fait d’être à son altitude habituelle, avec des humains accroupis près de lui détend souvent le chien et rend les manipulations plus aisées que perché sur un table à un mètre du sol.

Attention néanmoins à laisser de l’espace à votre chien, en ne l’acculant pas dans un coin de la salle de soins.

Le bon moment

Souvent je prends le dernier rendez-vous de la journée chez ma vétérinaire, car je sais qu’elle ne sera pas pressée par le client suivant, que la clinique sera plus calme, et que cela ne la dérange pas de déborder de quelques minutes sur ses horaires.

Et comme elle est une vétérinaire formidable, elle prend son temps, tente de donner des friandises entre deux actes, nous emmène à la balance pour chevaux de l’écurie car mes chiens ne veulent pas monter sur la balance de la salle d’attente (sait-on jamais, cet engin pourrait les tuer ..!) Et nous ressortons de consultation tous détendus et heureux.

Si d’aventure vous devez prendre un rendez-vous en journée, que la salle d’attente est surchargée, et que votre chien montre des signes d’un stress certain, n’hésitez pas à attendre dehors (en prévenant l’assistante vétérinaire), à faire des tricks avec votre chien sur le parking, à le laisser explorer les abords de la clinique…

Ce sera toujours préférable à une attente stressante dans une salle bondée d’où émanent les hormones et signaux de stress de ses congénères.

Zen soyons zen

Pour être un humain rassurant aux yeux de votre chien, vous devez lui montrer que vous êtes calme et que vous contrôlez la situation.

Votre attitude influe grandement sur le comportement de votre chien.

chien craintif chez le veterinaire.jpg
Si votre rythme cardiaque s’accélère, que vous transpirez, que vous sécrétez du cortisol, que votre timbre de voix change, votre chien en déduira que la situation est anormale, et il ressentira angoisse et inquiétude.

La contagion émotionnelle allant dans les deux sens, vous pouvez agir sur l’anxiété de votre chien en travaillant sur vous-même pour contrôler vos émotions. Après tout, le vétérinaire ne vous veut que du bien, et la plupart font leur métier motivés par un vrai amour des animaux, quels qu’ils soient (même ceux qui ont peur d’eux !).

Et n’oubliez pas…

Un chien qui grogne, montre les dents ou claque des mâchoires est un chien qui a peur et qui utilise les outils de communication qu’il a à sa disposition pour vous faire comprendre que la situation qu’il vit est inconfortable et qu’il veut qu’elle cesse.

Il ne sert à rien de lui crier dessus ou de le manipuler brutalement. Vous ne feriez que rajouter du stress et des émotions négatives à ce qu’il vit, et vous risquez fort de le sensibiliser encore plus.

Vous obtiendrez des résultats bien plus sains et pérennes en respectant ses émotions et en lui apprenant petit à petit, pas à pas, à bien vivre ses visites chez le vétérinaire.

Et qui sait, peut-être un jour lui fera-t-il la fête ?!!

Dog at the vet