Ganging, agression en groupe, mobbing, effet de meute, association de malfaiteurs… Tous ces termes renvoient à une dure réalité dans la vie de nos compagnons canins : l’agression d’un groupe de chiens contre un individu seul.

 

 

Les agressions de meute ne sont pas seulement le fait des chiens de chasse, et des chiens de races nordiques ou primitives. Il peut arriver qu’un chien seul (souvent de petites tailles) se fasse agresser – et dans les pires des cas tuer – par un groupe de chiens de races plus communes, que ce soit dans un parc, en forêt ou dans une habitation.

 

Les motivations premières des agresseurs sont difficiles à cerner : Prédation ? Imitation ? Harcèlement qui déborde? Facilitation sociale ? Contagion émotionnelle ?

Quelles que soient les causes, ce type d’agression dans laquelle les morsures sont multipliées et intensifiées par le contexte peut conduire à de très graves blessures et à la mort de l’individu attaqué. Elle est également traumatisante au plus haut point pour le chien attaqué.


Voici quelques éléments de compréhension pour y voir plus clair :
  • Les chiens qui s’adonnent au ganging le font de façon opportuniste. Ils font preuve d’une intentionnalité conjointe dans l’agression d’un individu isolé (qui peut être déjà connu du groupe d’agresseurs, ou non).
  • La facilitation sociale et la forte excitation de cette activité de groupe font disparaître toute inhibition personnelle et toute cohérence dans la séquence comportementale du comportement d’agression. Elle devient anarchique et intensifiée : menace absente, morsures tenues et délabrantes, phase d’arrêt inexistante : l’agression ressemble à un harcèlement collectif et agressif sans fin.
  • Les victimes canines peuvent être des chiens de tous profils, mais souvent ce sont des chiens craintifs, anxieux, trop agités, de type hyper, ayant des stéréotypies, communiquant mal avec leurs congénères… Ces victimes présentent des comportements qui peuvent sembler aberrants au regard des autres chiens et de la normalité canine.
  • La prédation peut être un élément déclencheur : La poursuite d’un individu par un agresseur, peut activer le patron-moteur « poursuite » chez les autres chiens présents. Dans le cas d’une poursuite collective sur un chien de petite taille, si cette chasse se termine par la capture, alors l’excitation commune, la contagion émotionnelle, les cris aigus de détresse de l’attaqué, l’adrénaline, la compétition pour la propriété de la « proie ».., peuvent être des éléments qui rendront l’issue fatale pour le petit canidé.
  • Les agresseurs souvent se connaissent entre eux, ils ont l’habitude d’évoluer ensemble. On observe une vraie cohésion de groupe. Le ganging se déclenche plus facilement dans un environnement connu des chiens.
  • Si les compétences individuelles complètent la compétence totale du groupe, le ganging peut se terminer par la mise à mort du poursuivi. C’est-à-dire que si les patrons-moteurs s’additionnent et se complètent, on obtient le résultat suivant :

⇒ Si le chien A maîtrise la poursuite

⇒ Le chien B maîtrise la capture

⇒ Le chien C maîtrise la mise à mort

=> La victime a très peu de chance de survivre.

Mais s’il manque un ou des patrons-moteurs chez le groupe des attaquants, le poursuivi peut s’en sortir.

  • Par la répétition des agressions collectives, les chiens qui s’adonnent au ganging se perfectionnent dans leur pratique et s’autorenforcent.
  • Les cas de ganging sur humains existent. Les victimes peuvent être des enfants : petites tailles, mouvements rapides, cris aigus, déplacements en vélo ou engins roulants… Les enfants cumulent les facteurs qui peuvent déclencher une agression commune de plusieurs chiens. Il existe aussi des cas de ganging sur des humains adultes.

  • On retrouve des comportements de ganging chez certains groupes de chiens errants, par exemple en Russie, dans les grandes villes ou les friches industrielles. Les victimes peuvent être humaines (on parle de six personnes mordues dans la rue chaque jour à Moscou, soit plus de 2 000 par an).
  • Le ganging peut être lié à une agression territoriale : il se déclenche avec l’intrusion d’un individu (connu ou non, animal ou humain) dans le territoire défini d’un groupe de chiens. Par exemple un livreur qui entre dans une cour gardée par plusieurs chiens, un piéton qui se promène dans un secteur urbain peu fréquenté dont les chiens errants ont pris l’habitude de contrôler les déplacements …

Bien qu’angoissant et heureusement peu fréquent, ce type de conduite agressive doit être connu et pris en compte par les propriétaires de tous chiens.

Qu’on ait à la maison un groupe de plusieurs chiens (c’est-à-dire à partir de deux individus, et au-delà…) qui peuvent un jour devenir un « gang », ou qu’on vive paisiblement avec un petit Yorkshire pacifique et inoffensif, il est bon de savoir que le risque existe, et qu’il faut toujours être attentif à son environnement ainsi qu’aux signes de communication, postures et mimiques des chiens présents, afin d’éviter au mieux la possibilité d’une agression de meute dont l’issue n’est jamais positive.